Sortons du bourg et allons flâner sur les chemins qui mènent aux fermes et autres moulins.
Suivez-moi.
Arrêtons-nous d’abord au
moulin du Verger. Deux ménages y vivent. En tout 9 habitants. Les familles Chrétien et Duguet.
Jean-Baptiste Chrétien est meunier. Il vit là avec sa femme Rachel et leur fille Suzanne, née en 1910. Deux domestiques sont à leur service. Eugène Baudichon qui est charretier et Prudent Nourrisson qui est farinier. Le charretier est celui qui s’occupe des chevaux et les atèle aux chariots bâchés que conduit le farinier afin d’aller vendre la farine.
Les Duguet, Marcel et Clémentine, vivent là également avec leurs deux enfants. Lui est journalier. Souvent au bas de l’échelle du monde rural, le journalier accomplit toutes sortes de besognes et est peu rémunéré.
Un petit bond et nous arrivons au
moulin de la Roche. Un autre meunier y travaille, Frédéric Lamirault. Il vit là avec sa femme Marie et sa fille Yvonne. Il est aidé par deux domestiques dont un charretier. L’autre ménage est composé de Joseph et Joséphine Travouillon. Ils sont cultivateurs. Lui a 62 ans.
Revenons sur la route de Dolus et pénétrons dans la cour du château. 8 personnes vivent ici sous le patronage de Jules Bonneau, cultivateur, sa femme et ses deux filles. 4 ouvriers agricoles travaillent pour lui. Âgés de 28 à 15 ans pour le plus jeune.
S’arrêter dans chaque ferme prendrait trop de place dans le cadre de cet article. Néanmoins, allons à la rencontre de certains habitants dont les métiers peuvent nous éclairer sur les activités du village.
Daniel Marais est berger au
Village du Bois. Il a 15 ans et travaille pour Eugène Boucher qui est cultivateur et doit posséder peut-être quelques ovins, certainement des vaches.
A la Petite Loge vit un charpentier, Joseph Benoist, et Louise Mongard, couturière à son compte.
Aux Gablotières, Honoré Conjour, cantonnier, vit avec sa femme Marie qui est cultivatrice. Ouvrier de la commune, il est chargé de l’entretien des voies de communication.
Aux Bellinières, un autre berger, Marcel Mamour, 13 ans, travaille pour René Mamour, cultivateur. Comme Daniel Marais, Marcel est jeune. Cet âge est représentatif des bergers et du travail précoce des enfants de l’époque.
Au Prieuré, où vivent 5 ménages, François Gentilhomme, le garde champêtre, vit seul, il a 76 ans. Figure importante et respectée du village, il a été choisi par le maire et a prêté serment devant le juge de paix du canton. Il assure le maintien de l’ordre.
J’oubliais les deux laitiers qui travaillent à la coopérative de Ligueil. Georges Bourreau qui vit dans le bourg et Joseph Jacques qui habite la
Thomasserie et travaille à Ligueil également. La coopérative laitière de Ligueil existe depuis 1903. Célèbre pour son camembert qui lui valut un procès au début des années 20 en vertu de la loi sur les appellations d’origine.
Ce monde paysan est bien vivant et la main d’oeuvre nombreuse. 53 cultivateurs exploitants, enregistrés comme « patrons » dirigent une exploitation agricole, seuls ou en famille, dont 6 femmes. 27 journaliers, qui possèdent ou louent une maison, viennent compléter cette main d’oeuvre que nous avons déjà décrite plus haut avec les domestiques et les ouvriers agricoles. Souvent assez pauvres, les journaliers dépendent du travail qui leur est proposé et ils effectuent de nombreuses tâches dans les fermes.
Reprenons notre flânerie et marchons jusqu’à la
Boursauderie. En 1921, 5 personnes vivent là. Jean-Baptiste Gadin qui est cultivateur/patron vit avec sa femme Marie, leur fille Marie qui a 16 ans et deux domestiques : Édouard Cousin (un des 3 frères réfugiés) qui a 14 ans et Georges Bidault qui en a 17. Direction le
Mesnil. Ici, 6 personnes vivent et ravaillent. La famille Lecompte. Jules et Constance , les parents. Marie, Marcel et Germaine âgés respectivement de 24, 21 et 20 ans, les enfants, et une petite fille, Denise Grelet, née en 1914. Tous travaillent à la ferme.
Un peu plus loin à la
Cotterie, nous rencontrons Antoine Guillet, cultivateur/patron qui vit avec sa femme, Joséphine, leur fille Antoinette et leur gendre Eugène Demay. Ces deux derniers ont un enfant, Lucien qui a 2 ans. Tous travaillent sur l’exploitation.
Au
Billot, 2 ménages cohabitent. Désiré Ondet et sa femme Estelle. Ils sont cultivateurs/patrons. En face vit Rosalie Delalande. Elle a 78 ans et vit seule.
A la
Rabaronnerie, nous rencontrons 4 ménages. Ursin et Céline Duguet, 62 et 53 ans. Ils sont journaliers. Ils vivent avec deux enfants, Eugène et Denise, 12 et 8 ans. A côté, les Patrolet, Pierre et Marie, cultivateurs/patrons. Ils vivent là avec deux enfants, Yvonne et Pierre, 14 et 1 ans, et la mère de Pierre, Anne Moreau. Charles Faillet vit seul, il est journalier et a 63 ans. Enfin, Adrienne Brisse, 30 ans, vit avec ses 4 filles, nées entre 1911 et 1920. Elle ne travaille pas.
Nous finirons notre promenade avec la
Roche de Genne
car il serait trop long de rendre visite à chaque famille composant les écarts de notre village. Ici, 1 ménage composé de 8 personnes : les Bourreau. Jules, le père, né en 1866, est cultivateur/patron. Il travaille avec sa femme, Marie, née en 1868 et ses enfants, Gabrielle, 17 ans, Jules, 14 ans, Juliette, 15 ans et Estelle, 20 ans, mariée à Constant Mongard. Tous sont ouvriers agricoles. Un domestique, Joseph Margenceau, complète cette main d’œuvre agricole.
Fastidieuse liste mais elle permet, pour les plus anciens d’entre nous, de se remémorer certains noms. Je l’espère.
Aurez-vous , comme je l’ai fait, réussi à vous immiscer dans ce monde oublié ?